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Jean-Marc Jancovici m’a répondu... voici ma réponse (mis à jour !)

Sur facebook, JM Jancovici a commenté le deuxième article de cette série sur ses propos. [Je mettrais cette page à jour au rythme de nos échanges].

Voici le commentaire de Jean-Marc Jancovici


JMJ : « Pour une fois je vais me permettre de faire un commentaire critique sur la forme : je ne relaie personnellement jamais de texte anonyme (ce texte n'aurait donc pas du se retrouver ici tant que son auteur était anonyme, désolé pour Adrien Couzinier qui a surement cru bien faire). Or l'auteur de ce texte n'est pas connu, pas plus qu'une des deux personnes ayant contribué à son élaboration ("un économiste (@mrbig_panda)")

L'auteur explique qu'il "suit (...) une convention universitaire". Aucune convention universitaire n'autorise de publier de façon anonyme.

Sur le fond, si je trouve le temps je publierai sur mon site une réfutation des propos tenus, voici dès à présent quelques remarques.

Dès le début, l'auteur confond un flux et sa dérivée, puisqu'il indique que pour moi l'énergie (un flux) est nécessaire à la croissance (laquelle est une dérivée, celle du PIB, qui lui est un flux).

Il considère aussi que la relation quasi-linéaire que j'ai trouvée entre énergie et PIB me sert pour "démontrer" le lien de causalité, avec une excellente corrélation. Malheureusement, ce n'est pas du tout ce que j'explique. J'explique que cette quasi droite est la CONSEQUENCE logique d'un monde dans lequel l'économie compte (quand elle est bien faite, j'y viens juste en dessous) en valeur monétaire la contrepartie de flux de transformation - donc d'énergie - que le physicien compte en joules, et pas du tout une démonstration. Et comme le rapport entre la capacité physique de transformation des machines - qui utilisent l'énergie - et celle des hommes est de 200 à 1, c'est au premier ordre le parc de machines en activité qui dimensionne la production.

A nouveau, cette quasi-droite est une CONSEQUENCE ATTENDUE, PAS UNE PREUVE. Elle indique que l'énergie est un facteur limitant au premier ordre du PIB.

La preuve est dans la définition même de l'énergie et du PIB, et dans le rapport de 1 à 200. Inutile donc de disserter sur une chose que je n'affirme pas pendant des pages...

Sur le "PIB bien fait" : lorsque cet indicateur a été créé, il comptait des choses qui changeaient vraiment la vie : des logements, des voitures, des tables, des chaises, des chemises, et des places de cinéma. Tout là dedans "se touche" (même une place de cinéma est accessible à nos sens).

Avec la financiarisation et la mondialisation de l'économie, le PIB peut désormais compter :

- des plus values financières qui ne créent rien de supplémentaire "physiquement" mais augmentent mécaniquement certaines transactions qui entrent dans le PIB

- de la valeur ajoutée dans un pays alors que les flux physiques ont pris place dans un autre pays.

Je persiste et signe dans le fait que la croissance du "PIB vrai" (les tables, les chaises, et les services "qui se touchent") a été nulle depuis 2007. En Europe la production industrielle de 2019 est à peu près la même que celle de 2007 (et dans la zone euro exactement la même), l'activité de construction est plus basse, et si on regarde le pouvoir d'achat net des français il est à peu près identique. Dit autrement, depuis 2007, quand le PIB augmente, ca ne profite pas à l'essentiel de la population. Ca se concentre dans la sphère financière. On peut donc découpler un peu avec de l'efficacité énergétique, et un peu aussi avec du PIB virtuel, venant essentiellement de plus values...

Si on regarde des indicateurs qui font abstraction des effets de bord du PIB, nous sommes bien entrés en stagnation depuis 2007, nonobstant les tombereaux d'argent déversés sur l'économie, et qui, selon la théorie "orthodoxe", auraient du faire repartir cette dernière.

Un peu plus bas, l'auteur de cette analyse affirme, à propos - toujours - du lien de causalité "c’est ce que JMJ fait, en notant que les variations du cours du pétrole précèdent celles du taux de croissance du PIB". Pourtant j'insiste bien quand je montre cette courbe en disant que la variation sur le pétrole n'est pas celle du prix mais du volume. Apparemment je ne le répète pas assez....

Plus bas encore, il écrit "Lorsque la croissance du PIB ralentit, la demande de pétrole décroît, ce qui tend à réduire le prix du baril". Passons sur le fait qu'à nouveau on confond un flux (la demande de pétrole) et sa dérivée (la croissance du PIB qui ralentit), mais il n'y a pas de lien entre prix et volume sur le pétrole (https://jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/le-petrole-est-il-elastique/ ). Historiquement le prix a pu monter avec une consommation qui baisse, mais aussi avec une consommation qui augmente...

"Les pétroliers répondent à des incitations économiques." Bien sur. Mais l'incitation ne crée pas la ressource. Notre auteur considèrerait-il que quand les hommes de l'art disent "même si on veut y'en aura pas plus" (https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/06/%C3%89tude_D%C3%A9clin-de-lapprovisionnement-de-lUE-en-p%C3%A9trole-dici-2030_TSP.pdf ) eux aussi ont tort parce qu'ils ignorent la bonne économie ?

A plusieurs endroits dans le texte, l'auteur affirme sans rien démontrer. Par exemple quand il écrit que ce sont les anticipations qui explique les covariations pétrole-PIB. Je serais curieux de voir quelles expériences du monde réel - où l'on mesurerait les anticipations avec un protocole normé permettant d'avoir une quantification réfutable - permettent de conforter cette théorie.

Dans le même esprit, un peu plus bas l'auteur porte la contradiction avec un argument démarrant par "Il n’est pas exclu de penser (...)". Mais en logique, "il n'est pas exclu" n'est pas "il est certain que telle explication est la bonne"...

Je terminerai ce commentaire (qui ne fait pas le tour de ce qu'il y aurait à dire sur cette analyse) par où je l'ai commencé : dans un débat sérieux, l'anonymat n'est pas de mise. »



Voici ma réponse (elle est une version enrichie de mon commentaire)


Je vous remercie de m’avoir lu, et je vous lirai avec attention si vous donnez un peu de votre temps pour tenter de réfuter mon billet. Je vous remercie aussi de mentionner que le physicien Grégory de Temmerman a relu ce texte, et qu'il le trouve intéressant ; ceci écarte les objections selon lesquelles j'aurais décidé "d'ignorer la physique" dans les commentaires du post facebook.

Quelques premières réponses à vos premières remarques :


- Comme l’a dit Joëlle XX, je m’appelle Louis FREGET, si vous souhaitez connaître mon identité. Je ne comprends pas bien ce que cette information apporte à notre discussion ; le seul intérêt de connaître l’identité de quelqu’un qui ne fait pas d’argument d’autorité, mais fournit ses sources, c’est de pouvoir le juger sur ce qu’il est plutôt que sur ce qu’il

il dit. C’est de faire de l’ad hominem donc, et je ne crois pas que ce soit votre démarche. J’ajoute que lorsque je parlais de convention universitaire, je parlais du format des références et rien d’autre. Mon texte était parfaitement clair à ce sujet.


- lorsque je parle d’énergie qui peut expliquer la croissance, c’est un raccourci pour dire qu’une quantité croissante d’énergie transformée peut expliquer la croissance. C’est un pur raccourci de langage, qui rend ma phrase un peu imprécise, mais on ne touche pas là au fond de mon propos. On peut décliner la même remarque concernant mon explication sur lien entre le PIB et la demande de pétrole, ou de ma coquille cours/quantité - le paragraphe d’après parle très nettement de quantité, le doute n’est pas permis. Tout ceci n’est que des remarques de pure forme, et je me réjouis de ce que le reste de votre argumentation soit plus centrée sur le fond.


- Les sous-parties « biais de la variable omise / anticipations » sont là pour justifier de l’usage de méthodes plus sophistiquées dans la littérature. Mon message est « Il y a des objections possibles donc il faut utiliser des méthodes plus rigoureuses». Or, pour employer une méthode qui permet de corriger un biais possible, il suffit de montrer qu’un biais est ...possible. D’ailleurs, il est impossible de savoir si un biais tord bien un résultat avant d’avoir appliqué une méthode qui permet de corriger ce biais, puis d'avoir comparé les résultats des deux méthodes-celle qui ne corrige pas le biais, et celle qui la corrige. Justement, tout le reste du texte présente des méthodes qui permettent de tenter de corriger les biais que je mentionne, notamment celui de la variable omise, et leurs résultats. Ceci permet ensuite de juger de la mesure dans laquelle les objections que je liste affectent l’estimation du lien causal énergie-économie.


- Nul part je n’ai écrit que vous essayiez de prouver la causalité énergie-économie par une simple corrélation. J’écris simplement que la relation ne mérite pas nécessairement le titre de meilleur modèle macroéconomique du monde, car la non-stationarité des séries et possible simultanéité gonflent le coefficient de détermination, et que pour cette raison cette forte corrélation est moins intéressante qu’elle ne peut paraître.


-Je « disserte » bien sur une de vos thèses, l’une de vos plus originales en fait. Le sujet de l’article est vos explications de la baisse de la croissance ces dernières décennies par un manque d’énergie, et notamment votre explication de la crise de 2008 par le pic de pétrole conventionnel.


Supposons que le parc de machines dimensionne le PIB, ce qui est au moins en partie vrai, surtout actuellement. Même sous cette hypothèse, il est possible que la baisse de la croissance d’énergie n’explique pas la diminution de la croissance du PIB ces dernières décennies ou la crise de 2008 comme vous l’affirmez. Trouver une variable A qui dimensionne une variable B ne revient pas à dire que les variations de A expliquent celles de B. Exemple: l’oxygène que nous respirons est nécessaire à la vie humaine. La quantité d’air respirable dimensionne le nombre de personnes qui peuvent vivre sur la planète. Cela ne signifie pas pour autant que des variations de la quantité d’oxygène disponible expliquent les variations de la population ces dernières décennies. Pourtant, c’est votre raisonnement lorsque vous affirmez que parce que l’énergie est essentielle au PIB, c’est nécessairement un manque de ressources énergétiques qui explique le ralentissement de la croissance ces dernières décennies (ce qui est bien votre thèse, les citations dans mon texte et d’autres encore l’attestent) ou la crise de 2008. D’ailleurs, les commentaires sur différents réseaux montrent que beaucoup de gens qui reconnaissent vos talents de vulgarisateur et d’ ‘alerteur’ sur la gravité de la situation (comme moi je les reconnais) ne vous suivent pas sur cette thèse hardie.


- sur le rôle des anticipations, je n’ai pas de preuve microéconométrique qui isole le lien des anticipations sur la croissance, mais le lien hypertexte dans la phrase renvoie à un exercice de machine-learning qui montre qu’un indicateur de confiance/ anticipation prédit bien la croissance, et, ce, mieux que tous les autres indicateurs en lice. Ceci s’explique notamment par le fait les anticipations ainsi mesurées précèdent le PIB. C’est un bon indice du rôle des anticipations dans la croissance, et cet exercice ressemble à celui que vous réclamez (indicateur et tests précis, démarche réfutable donc). A nouveau, à ce stade, mon but n’est pas de démontrer avec certitude qu’il existe un lien causal parfaitement isolé entre anticipations et croissance. A cette étape de la démonstration, je présente un doute raisonnable qui justifie que des centaines d’études usent de modèles dynamiques multivariés et ne limitent pas leur analyse de données au constat que parfois une série semble en précéder une autre.


- Ce que vous appelez « le vrai PIB » me semble être une catégorie ad hoc et aux contours assez indéfinissables. Me semble difficilement tenable la thèse selon laquelle tous les échanges impliquant des biens tangibles seraient seuls créateurs d’une vraie valeur « physique », par opposition à ceux impliquant des services - intangibles donc- qui donneraient lieu à des échanges qui ne seraient qu’artifices comptables. Les services ne sont pas que financiers ! Les services d’un médecin, d’un psychologue ou d’un enseignant me semblent avoir au moins autant de la valeur que la production de « chaises, de tables et de vêtements.«  Et si le critère est que les transactions qui mènent lieu à la création de la vraie valeur sont celles qui « changent la vie »

(critère qui me semble difficilement objectifiable), alors je connais des heures passées avec un prof qui ont bien plus changé une vie qu’une nouvelle paire de jeans.


D’ailleurs, toutes les interactions induites par les services mettent en jeu dans notre cerveau des réactions chimiques. Donc physiques. En fait, parce que tout est physique, aucun échange économique n’implique de processus plus physiques que d’autres. Cela fait écho à mes discussions sur Twitter avec le physicien Grégory de Temmerman, où nous parlions des limites de l’approche « tout est physique », qui est une tautologie moins profonde qu’elle ne paraît.

- Concernant ce passage suivant : « Plus bas encore, [l’auteur] écrit "Lorsque la croissance du PIB ralentit, la demande de pétrole décroît, ce qui tend à réduire le prix du baril" [mais] il n'y a pas de lien entre prix et volume sur le pétrole (https://jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/le-petrole-est-il-elastique/ ). Historiquement le prix a pu monter avec une consommation qui baisse, mais aussi avec une consommation qui augmente... »:


(1) Quand on parle de comportements, et ici on parle de celui des producteurs de pétrole, il faut bien mesurer la différence entre ce qui est, et ce que *croient* les agents. Ce sont les croyances qui déterminent en dernier ressort le comportement des agents. Même s’il n’existait aucun lien entre le prix du pétrole et la quantité demandée, les producteurs de pétrole pourraient le croire et agir en conséquence !

(EDIT: j’ajoute, après la deuxième réponse de JMJ, et en guise d’illustration, que si on a décidé d’ignorer les articles de recherche, la presse ne cesse de reporter les décisions de baisse de l’offre de l’OPEP pour faire face à des baisses anticipées de la demande. Exemple : https://www.google.fr/amp/s/www.leparisien.fr/amp/economie/vers-une-baisse-massive-de-la-production-de-petrole-10-04-2020-8297352.php) )


(2) Votre démonstration sur l’élasticité-prix de la demande de pétrole (car c’est dont il est question dans mon billet) est rendue invalide par un biais fondamental en statistiques. Vous entendez démontrer que la ‘loi’ de la demande ne se vérifie pas concernant le pétrole car il n’y a pas de corrélation prix-quantité de pétrole consommée. Vous affirmez alors avoir détruit une « base solide de nos cours d’économie ».




Mais la quantité de pétrole consommée ne dépend pas que de la demande mais aussi de l’offre ! On ne peut consommer que ce qui a été produit/extrait. Ainsi, le lien quantité consommée de pétrole - prix que vous présentez dans votre article n’est pas le lien demande de pétrole- prix. C’est une autre manifestation du biais de simultanéité dont je parle dans l’article.


C’est un vieux problème en statistiques appliquées. Il a été identifié par Sewal Wright, grand biostasticien et son père économiste dans les années 1920. A cause du biais de simultanéité, il faut utiliser des méthodes plus sophistiquées pour estimer une élasticité de la demande (ou de l’offre) comme vous souhaitez le faire dans votre article : variables instrumentales, modèles plus structurels avec restriction sur la valeur des paramètres... Le graphique quantité consommée de pétrole-prix ne nous apprend rien sur la relation demande de pétrole-prix, et il est normal de n’y trouver aucune relation claire.


Quand on emploie des méthodes plus robustes, qui tentent d’adresser le biais de simultanéité, cette méta-analyse montre qu’on trouve une élasticité-prix faible de la demande de pétrole mais significativement négative en moyenne à long-terme.


(EDIT : j'ai ajouté cette partie plus technique quelques heures après la parution de l'article)


On pourrait transposer le même raisonnement au niveau de l'offre. Il faut distinguer quantité offerte et quantité produite pour la même raison : ce qui est produit ne dépend pas seulement de ce que les producteurs sont disposés à produire (l’offre), mais aussi de ce que les consommateurs sont disposés à acheter (la demande). Ainsi, une absence de relation claire entre production de pétrole et de prix ne signifie pas que l'offre de pétrole est inélastique au prix comme l'affirme l'article "le pétrole est-il inélastique ?".


Comment alors interpréter rigoureusement les mouvements sur l'axe prix-consommation ?

D'abord, il n'est pas sûr qu'un économiste emploie un modèle simple d'offre et de demande pour modéliser le marché du pétrole. Le modèle de l'offre et la demande suppose (entre autres) un grand nombre de producteurs qui vendent des biens similaires, sans s'entendre sur les prix. Ce n'est pas le cas du marché du pétrole, où un petit nombre d'acteurs qui concentre l'essentiel de la production interagit stratégiquement et s’entend grâce à l’OPEP. Ainsi, même le manuel de première année Core Economics propose un modèle un peu plus sophistiqué que celui de l'offre et de la demande (bien que proche du modèle séminal), modèle qui tente de rendre compte des phénomènes d'entente au sein de l'OPEP. (EDIT, Décembre 2021: on pourra aussi lire cet article de recherche.) Plus largement, il existe un champ vaste de la science économique qui étudie les marchés avec un petit nombre d’acteurs : l’économie industrielle.


Ensuite, si on souhaite interpéter les variations sur l'axe prix-production/consommation de pétrole dans le cadre du modèle de l’offre et de la demande comme dans l’article, il faut à mon sens plutôt considérer que chaque point est un équilibre du marché, c'est-à-dire un prix et une quantité pour lequel l'offre et la demande sont égales. Le prix qui égalise l'offre et la demande est appelé le prix d'équilibre ; la quantité qui égalise l'offre et la demande est appelée la quantité d'équilibre.






Ce prix a l'air bien stable. Comment expliquer qu'il puisse changer au cours du temps dans ce modèle? Réponse : il faut penser aux chocs. Un choc est un évènement qui déplace la courbe d’offre ou la courbe de demande.


Autrement dit, un choc d’offre (de demande) est un évènement qui réduit la quantité offerte (demandée) pour un prix donné, ou qui change le prix nécessaire pour que les producteurs offrent (demandent) la même quantité - c’est la même chose graphiquement.


Prenons l'exemple très fictif (!) d’un embargo sur le pétrole en 1973 par les pays de l'OPEP. Graphiquement, ce choc d'offre négatif déplace la courbe comme sur le schéma. Une des conséquences les plus directe du choc est en effet que les producteurs de pétroles offrent une tonne de pétrole a prix plus haut qu’avant. On voit ainsi sur ce schéma que suite au choc pétrolier, le prix d'équilibre est plus haut, et la quantité d'équilibre est plus basse.





C'est un peu de cette manière que le manuel Core Economics interprète les déplacements sur l'axe prix-consommation de pétrole. Le prix du baril change à cause d'un choc d'offre (comme un choc pétrolier) ou de demande (comme le début de la grande dépression) :




Les limites de l’approche sont cependant assez

évidentes. En particulier, trouver une coïncidence temporelle n’est pas la preuve de l’action du choc, plusieurs chocs d’offre et de demande peuvent se produire en même temps, notamment du fait des comportements stratégiques des offreurs. Quand on veut dépasser l’illustration pédagogique, on comprend que les chercheurs se tournent vers des modélisations plus sophistiquées.

Pour l'anecdote, on peut contourner le biais de simultanéité en utilisant la méthode des variables instrumentales, qui permet d'exploiter ces chocs - ce n'est qu'une méthode possible. Par exemple, pour isoler la demande, il faut trouver un instrument pour l’offre. Un instrument est une variable qui ‘choque’ une courbe pour en isoler une autre. Ainsi, quand la valeur de cette instrument varie, la courbe d’offre se déplace le long de la courbe de demande comme sur le graphique ci-dessus. La trajectoire des déplacements de la courbe d'offre dessine la courbe de demande (en pointillés) qu’on cherche à isoler.






La deuxième réponse de JMJ

j'aime beaucoup l'attitude qui consiste à dire "je prends ce qui me plait dans une convention mais pas le reste"...

Confondre une grandeur et sa dérivée n'est pas un raccourci de langage. C'est une erreur (assez basique au demeurant).

Confondre un prix et un volume (sur le pétrole) n'est pas une faute d'inattention. C'est une erreur (assez basique aussi). Incidemment vous n'avez pas plus compris mon propos dans votre réponse. Je n'entends pas réfuter une "loi de la demande". J'entends juste montrer qu'il n'y a pas d'élasticité de long terme entre prix et volume sur le pétrole, ce que, incidemment, tous les gens qui pratiquent l'économie réelle sur les commodités savent parfaitement. Il y a une élasticité de court terme, mais pas de long terme. Pourtant de telles élasticités de long terme sont utilisées dans des modèles économiques "de place".

Une fois que vous avez écrit "il est possible que la baisse de la croissance d’énergie n’explique pas la diminution de la croissance du PIB", nos ne sommes pas plus avancés si vous n'avez pas une démonstration probante attribuant ce qui s'est passé à une cause précise.

Je ne vois pas la pertinence du parallèle entre oxygène et énergie. L'oxygène atmosphérique baisse significativement quand vous montez à 2000 m d'altitude. Mais cela n'empêche pas des gens d'y vivre, parce que l'oxygène n'est pas limitant dès son premier % de baisse (alors que l'énergie est limitante sur le flux de transformation dès le premier % de baisse).

Enfin une théorie que vous ne pouvez pas démontrer par des observations ne s'appelle pas une théorie, mais une hypothèse non démontrée (cas des anticipations). Quand vous serez amené à gérer des organisations, si cela arrive un jour, il vaut mieux éviter de se baser sur des hypothèses non démontrées....



Ma réponse à ce deuxième commentaire


Ma mention des « cours » est une faute d’inattention quand le paragraphe suivant entier parle explicitement et sans ambiguïté du volume, personne n’a cru que je parlais du prix. Pas même les gens qui défendaient votre démarche dans les commentaires. Il en va de même pour le flux et la dérivée, ma phrase d’après est littéralement : « [JMJ] affirme que les variations de la quantité d’énergie expliquent celles du PIB ces dernières décennies.. » Qui peut alors imaginer que je confonds « flux et dérivée » et que c’est autre chose qu’un raccourci de langage ? Je ne vois vraiment pas ce « qu’écrire la croissance de l’énergie explique la croissance » aurait changé au fond de ma démonstration, surtout à la lecture de la phrase d’après.


Enfin, pardon, mais je vous cite dans l’article : « on devrait voir que quand le prix monte (donc que le point se situe sur la partie droite par rapport à l’axe vertical) alors la consommation diminue (et donc que le point se situe aussi sous l’axe horizontal).


Si cette « loi » était valable, donc, tous les points situés dans le cadran Nord-Est du graphique ne devraient pas y être, mais se situer dans le cadran Sud-Est. Manifestement, ce n’est pas le cas… » => comment pouvez-vous affirmer que vous ne souhaitez pas ici infirmer la loi de la demande ? Quelle autre loi pourrait prédire une baisse de la consommation quand le prix augmente ?


(J’écris « pourrait », parce qu’à nouveau la loi de l’ »offre et de la demande » dont vous parlez dans votre article (oui, oui) ne prédit absolument rien sur la consommation en soi Elle fait seulement des prédictions sur les quantités demandées et offertes.)


Le terme d’élasticité du volume me semble très étrange. Je ne l’ai jamais entendu. J’ai toujours entendu parler d’élasticité de la demande, et d’élasticité de l’offre. On distingue les deux élasticités parce que le simple volume produit ou consommé agrège les chocs d’offre et de demande. Je ne vois pas quelle information l’élasticité prix du volume convoierait. En tout cas, cette élasticité ne convoie aucune information « sur la loi de l’offre et la demande » dont vous parlez dans votre article car elle ne fait aucune prédiction sur le simple volume, mais sur l’offre et la demande.


Mentionner qu’il n’y a aucune élasticité entre volume et prix ne prouve pas non plus qu’un choc de demande négatif ne fait pas baisser le prix, ce qui était le coeur de votre remarque ; parce qu’à nouveau, je parle d’un choc sur la demande, pas sur le volume échangé, qui dépend aussi sur l’offre. Je ne comprends toujours pas comment cette information est supposée réfuter ma thèse selon laquelle il faut envisager le rôle des anticipations.


Enfin, mon point est qu’un facteur limitant d’une variable n’est pas nécessairement un facteur qui explique principalement les variations de cette variable; on peut pinailler sur l’exemple, le principe reste.



Je ne sais pas bien comment vous pouvez affirmer que je suis incapable de démontrer par des observations le cas des anticipations. J’ai le fait stylisé très connu que les anticipations précédent le PIB, et le résultat de l’analyse par machine-learning. Certes, contrairement aux autres mécanismes, je mentionne que je n’ai pas « isolé » le lien, mais :


  1. Cela impliquerait des travaux macro ou microéconométriques comme la littérature sur l’énergie et économie que je cite. Vous n’avez autant que je sache jamais basé vos travaux sur de tels exercices statistiques multivariés, ou des expériences bien contrôlées. Dois-je en déduire que vous n’avez rien démontré de votre carrière ?


2. A nouveau à ce stade, je cherche simplement à montrer les limites du raisonnement « la courbe précède une autre, donc ça suggère que la série qui se produit avant précède l’autre. » . Pour ça, il suffit de démontrer qu’un doute raisonnable est possible (cf le fait stylé, le lien hypertexte) et de montrer que la méthode que vous utilisez ne permet pas de corriger un biais s’il existe. Je ne sais pas comment le dire plus clairement. Il me semble que ça fait partie de la dialectique de base quand on fait tente d’isoler des liens causaux. Autres exemples du principe qu’il suffit de montrer un biais possible et que la méthode qu‘on utilise ne permet pas de le corriger pour montrer que la démonstration est insuffisante :


-lorsqu’il y a des possibles variables omises dans une relation bivariée, cela suffit à ce qu’on ajoute des contrôles pour qu’on puisse comparer les résultats avec et sans contrôles.


-En médecine et dans bien d’autres domaines, la possibilité de sélection par les inobservables justifie qu’on demande une expérience ou une quasi-expérience. Je précise qu’on appelle sélection par les inobservables le fait que dans une étude observationnelle, ceux qui ont reçu le traitement/ bénéficié de la politique diffèrent de ceux qui ne l’ont pas reçu de manières qu’on ne sait pas mesurer et ajuster statistiquement. Personne ne demande alors à mesurer les inobservables, personne ne dit « vous ne pouvez pas formuler cette critique tant que vous n’avez pas identifié ces facteurs inobservables », il y a un doute possible donc on ne fait pas d’affirmation causale - comme vos propos sur le lien pétrole-PIB.


Puisque vous vous permettez un conseil condescendant, je vous fais celui-ci : par pitié, renseignez-vous sur l’inférence causale et l’économétrie. C’est utile quand « on dirige des organisations », d’ailleurs, il y a toute une vague de cours de « Causal Inference for Business » mais ça l’est surtout quand on veut faire des conférence sur le lien entre deux variables mesurées hors laboratoire, sujet sur lequel il existe une vaste littérature qui nécessite des bases en économétrie pour être comprise.


Mon deuxième commentaire de réponse


«  j’ajoute, comme j’ai l’esprit d’escalier, en réponse à « Une fois que vous avez écrit "il est possible que la baisse de la croissance d’énergie n’explique pas la diminution de la croissance du PIB", nos ne sommes pas plus avancés si vous n'avez pas une démonstration probante attribuant ce qui s'est passé à une cause précise. » => la théorie économique fournit bien des mécanismes parfois très bien isolés pour expliquer les fluctuations de la croissance à court et moyen-terme (accélérateur financier pour la crise de 2008, effet multiplicateur d’ailleurs isolé grâce à des expériences naturelles,...) et à plus long-terme (institutions, voir les travaux d’Acemoglu et Robinson par exemple...)

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